Festival Presences : Augmented Pianos

share:

CAST

   
Jean-Luc Fafchamps
Kaja Farszky
Wilhem Latchoumia
Jean-Luc Plouvier
pianos, electronic keyboards, etc.

Sylvain Cadars
sound & digits
   

PROGRAMME

    
Michaël Levinas : Les Désinences, for piano and electronic keyboards, 2014

György Ligeti : Monument Selbsportrait Bewegung for two pianos, 1976

Frédéric Verrières : Prélude, like Debussy has never heard it for pianist and 3 assistants, 2017-2018

Wolfgang Mitterer : Restless for two pianos and electronics, world premiere, 2018
   

Le piano, à première vue, est le loser de la musique contemporaine, le vieux dandy qui a fait son temps : il ne sait ni soutenir de vrai legato, ni glisser ou s'infléchir microtonalement, ni fendre ou saturer son timbre, comme le fait pourtant la première clarinette venue. Non, il déroule des notes, encore des notes, c'est le coincé de la modernité, c'est l'enfant sage qui fait honte à sa mère (« mais dégourdis-toi un peu ! »). Sa neutralité sonore le cantonne aux réductions d'orchestre et aux leçons de ballet ; pour le reste, c'est une calamité.

Ce n'est pourtant pas ce qu'en pensait György Ligeti : en transmutant l'usage du piano dans ses célèbres recueils d'Etudes (qu'avaient précédées, dans le même esprit, les trois pièces pour deux pianos), Ligeti met le feu à une idée aussi musicale que contre-intuitive : le piano, tout bien pesé, peut être l'agent d'une stupéfiante démonstration de modernité — lorsque son potentiel polyphonique, les jeux sur la vitesse et la dynamique, les ressources d'un jeu raffiné de pédalisation, démontrent que le Timbre est d'abord et avant tout une construction. Le timbre ne pré-existe pas à la musique, ou si peu, il se forge à partir de la texture, de la registration, de l'infini miroitement illusionniste de la polyphonie. Telle est l'ultime leçon du vieux dinosaure.

Ce concert à deux pianos (et un peu plus) fera le point sur les différentes approches contemporaines d'un pianisme "augmenté", où se ré-invente la timbre à partir des ressources polyphoniques de l'instrument. Avec ses trois pièces de 1976, (Monument / Selbstportrait / Bewegung), Ligeti ouvrait le piano acoustique aux notions du studio de musique électronique : réverbération, déphasage, textures. Michaël Levinas lui emboîta récemment le pas avec ses Désinences, où fusionnent le piano et l'échantillonneur, en une sorte de suite baroque d'une extrême saveur, baignée d'une pseudo-tonalité en perpétuel glissement (ou en perpétuelle altération, pour rester au plus près du lexique du compositeur). Frédéric Verrières mêle pareillement l'acoustique et l'échantillon, en y ajoutant les artifices d'une "préparation en temps réel", par la grâce d'assistants-percussionnistes travaillant le ventre de la bête. L'organiste Wolfgang Mitterer, enfin, le plus subtilement pop des compositeurs de la nouvelle scène viennoise, a écrit pour l'occasion une nouvelle œuvre pour deux pianos et électronique, autour des figures musicales du "glissé" et de la "boucle".

Agenda for this project

February 2018
  • Date Show Location
  • Sun 11.02 Levinas, Verrières, Ligeti, Mitterer Festival Présences, Radio France - Paris - France

    Festival Presences : Augmented Pianos

    start: 16h

    Pianos, Keyboards, Extended Pianos.

    Two pianos and electronics read more