Ictus & Octurn : Le Grand Gamelan

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Kaaitheater, Brussels, Ars Musica 2008
Co-production : Bozar
Maison de la Musique, Nanterre
   

Bo Van Der Werf : Le Grand Gamelan

   
OCTURN
Guillaume Orti : alto saxophone

Laurent Blondiau : trumpet

Bo Van der Werf : barytone saxophone

Jozef Dumoulin : Fender Rhodes

Fabian Fiorini : piano

Nelson Veras : guitar

Jean-Luc Lehr : bass

Xavier Rogé: drums

Gilbert Nouno : electronics

ICTUS
Miquel Bernat,
Tom Decock,
Gerrit Nulens,
Georges-Elie Octors : percussion

Géry Cambier : percussion, double bass

Percussion : vibraphone, marimba, xylophone, thai gongs,cow bells, celesta, crotales, glockenspiel, temple blocks, tibetan bowls, tubular bells and low gongs

Alexandre Fostier : sound

LE GRAND GAMELAN is de titel van een « Suite » . Bo Van der Werf componeerde dit concertstuk op maat voor de acht muzikanten van Octurn en de vijf percussionisten van Ictus, samengebracht in een imaginaire gamelangroep.

OCTURN telt als jazz-kollektief een aantal leidinggevende Belgische jazzmuzikanten ; zij richten zich op ritmisch onderzoek, ambigue harmonieën, ineengevlochten texturen. Octurn bezit de karakteristiek zijn repertoire op te bouwen per project, per werkterrein. Zo spelen zij stukken van eigen muzikanten en geven zij tevens carte blanche aan bevriende componisten (Frederic Rweski, Patrick Zimmerli, Denis Pousseur...) : een attitude die verwant is aan deze van ensembles hedendaagse muziek.

Ik poog een licht te werpen op dit universum vanuit onze specifieke invalshoek : Ictus, ensemble geschreven muziek. De reden voor onze samenwerking schuilt erin dat muzikanten als Aka Moon, Steve Coleman en Octurn volharden in het aftasten van de grenzen van de tonale muziek. Zij benaderen jazz niet langs haar mythologische kant. Steeds opnieuw ontdekken zij iets om te bewerken en te herbewerken : niet-octaverende toonladders, opeenstapeling van modi, « tonale signaturen » (zie verder). De enige sine qua non is de verwerkbaarheid ervan tot een soepel materiaal waarmee opnieuw fris en monter kan geïmproviseerd worden. De uiteindelijke zin van jazz bestaat er misschien wel in het tonale veld steeds weer te verkennen en uit te breiden.

Aan deze tot het uiterste gedreven tonaliteit beantwoordt een gelaagde ritmiek. De aanhoudende groove die vereist wordt door de modale muziek is wel degelijk aanwezig maar onderhuidse stromingen destabiliseren haar van binnenuit. Hierdoor wordt de muziek gekenmerkt door samenvoegingen, opeenstapelingen, onregelmatige indelingen.

Het resultaat is een overvloedige klank die zich niet laat vatten na één enkele beluistering maar vraagt om in de diepte te graven.

PROJECT _ Mooie timbres, rijk klankspectrum ; cyclische en gelaagde ritmiek ; complementariteit van de percussionisten functionerend als één instrument ; ongelijkmatige temperamenten… :alles wordt samengevat onder het woord 'gamelan'. Ondanks de integratie van enkele elementen uit het Balinees instrumentarium, moet men zich dus niet verwachten aan al te letterlijke verwijzingen maar de geest van de 'gamelan' wordt opgeroepen door de uitgebreidere bezetting van de percussie die een ritme-harmonie-resonantie voortbrengt in de lijn van Olivier Messiaen (marimba, vibrafoon, celesta, gongs, glockenspiel, buisklokken, klassieke elementen uit de gamelan).

LE GRAND GAMELAN est le titre d'une "Suite" : une oeuvre-concert écrite sur mesure par Bo Van der Werf pour les huit musiciens d'Octurn et les cinq percussionnistes d'Ictus, constitués en un groupe de "gamelan" imaginaire.

OCTURN est un groupe de jazz, un collectif où sont abonnées certaines des meilleures têtes du jazz belge : des musiciens orientés vers la recherche rythmique, les équivoques harmoniques, les textures entrelacées (on y retrouve Fabian Fiorini, Magic Malik, Pierre Van Dormael, Chander Sardjoe...). Trait particulier, Octurn construit son répertoire par projets, par chantiers, et joue les pièces de ses propres musiciens tout en confiant des cartes blanches à des compositeurs amis (Frederic Rweski, Patrick Zimmerli, Denis Pousseur...) : une attitude qui le rapproche d'un ensemble de musique contemporaine.

Je tente deux mots pour en décrire l'univers, en parlant depuis notre place : ici Ictus, musique écrite, bonjour, travaillons ensemble. Pourquoi travailler ensemble? Tout comme Aka Moon ou Steve Coleman, des musiciens tels que ceux d'Octurn n'ont pas renoncé à fouiller les extrêmes limites de la musique tonale. Ils n'abordent pas le jazz par son versant mythologique. Ils trouvent toujours quelque chose à décoder, à recoder, à travailler : des gammes non octaviantes, des superpositions de modes, des "signatures tonales" (voir plus bas). Seul impératif : que cela soit assimilable, que cela s'intègre dans la mémoire et la mémoire du corps, que cela produise un matériel souple avec lequel il soit possible d'improviser à nouveaux frais. C'est peut-être le sens ultime du mot jazz, le sens qui restera. Ce type de musiciens, ce sont à coup sûr nos derniers musiciens tonaux, nos vrais grands néo-tonaux, savants, fébriles, exigeants. Les néo-Ravel ont l'air de clowns tristes à côté d'eux.

A cette tonalité poussée à bout correspond une rythmique feuilletée. C'est l'intuition de base qui saisit l'auditeur à l'écoute de leur musique : le groove obstiné et terrien que requiert la musique modale est bien au rendez-vous, mais traversé de courants sous-marins qui le secouent de l'intérieur, le déstabilisent, le précipitent vers une pente sans fin. Musique de constellations, de boucles superposées et de divisions inégales : c'est l'anti-nombre d'or, l'équation inachevée.

Tout cela construit un son profus , que l'oreille ne peut appréhender d'une seule capture panoramique, mais doit fouiller dans sa profondeur. Je laisse en parler un vrai jazzfan, Jean-Pol Schroeder :

"Mais la particularité d'Octurn tient peut-être davantage encore dans cette composante "jungle", de plus en plus dense et fascinante, que lui permet son instrumentation : une jungle au sens le plus strictement ellingtonien, faite de couleurs et de textures, parcourue d'entrelacs d'idées physiques et de bouillons chimiques. (...) Ruissellement des sax - le rôle joué au plus moite de la jungle par le baryton de Bo Van der Werf rappelle par moments le travail effectué chez le Miles de l'époque Bitches Brew par la clarinette basse de Benny Maupin, tandis que l'arrivée de Guillaume Orti (de la galaxie Hask) apporte une touche linéaire dans un univers à la verticalité dominante. Eparpillement cellulaire des claviers (Fiorini, très Miles lui aussi) et des percussions. (...) Une poétique déhanchée qui se love jusque dans un choix de formes longues (suites) et dans une manipulation des tempos qui permet l'émergence d'une composante proprement biologique -et voilà l'auditeur pris, pour son plus grand plaisir, dans les mailles et dans les chausse-trappes d'un filet frémissant."

PROJET _ Beauté des timbres, richesse du spectre sonore; pensée rythmique par cycles et par couches; complémentarité des percussionnistes disposés en archipel, comme un seul instrument; tempéraments inégaux dont les couleurs s'entremêlent aux instruments tempérés... Tout cela est convoqué sous le mot "gamelan". Pas de citation directe, pas d'évocation de voyages. Quelques éléments de l'instrumentarium balinais sont intégrés à un ensemble de percussions plus larges, dans l'idée d'un groupe rythme-harmonie-résonance, en poursuivant l'exemple Olivier Messiaen (marimba, vibraphone, celesta, set de gongs, crotales, glockenspiel, cloches tubes, éléments de gamelan classique).