Naturale

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LUCIANO BERIO :

Naturale (1986)

about sicilian melodies, for viola, percussion and recorded voices
   
Paul De Clerck : viola
Miquel Bernat : percussion
Jean-Luc Plouvier : lecture
Alexandre Fostier : sound

Production : Opéra de Lille

Naturale was composed in 1985 for the Ater Balletto of Reggio Emilia and is dedicated to Aldo Bennici “in brotherly devotion”.
The piece has the subtitle “action for dance” but it can also be performed in concert. It re-employs themes of Sicilian folk songs first used by Berio in Voci for viola and two groups of instruments (1984), which here have been filtered out, so to speak. The flow of musical events is interrupted by the voice of a Sicilian folk singer, recorded by the composer in Palermo. The work is nourished by the contrast between a highly refined transcription of folk songs and the raw, natural voice of a folk singer.

(Note from the publisher)

Né en 1925 dans une famille musicienne du Nord de l'Italie, Luciano Berio avait fréquenté cette mouvance exigeante et radicale qui fonda la musique moderne dans les années 1950 : Boulez, Nono, Stockhausen, Pousseur - le mouvement du "sérialisme". Au sein de ce mouvement, il fut un acteur turbulent et inspiré, qui rappela sans cesse qu'il n'y a pas contradiction entre l'intelligence et la virtuosité, entre la qualité de la forme et le geste, entre la musique pure et les ressources de la langue parlée, entre la citation et l'invention - qu'au contraire, ces catégories s'enrichissent l'autre. Il était possédé d'une quête obsédante qui le guida toute sa vie : accueillir au sein de la musique les réalités les plus éloignées, les sens les plus divers, et les soumettre à un artisanat érudit et joyeux, compatibles par la force de l'écriture. La puissance de l'écriture musicale triomphe de toutes les contradictions lorsqu'elle est habitée par le chant et par l'histoire, semble nous dire son oeuvre.

Si, comme l'écrit Guy Scarpetta, il fut « le grand néo-baroque de son siècle », qui injecta dans la les halètements et les soupirs, l'ornementation débridée, les citations qui viennent comme en rêve, il fut aussi le gardien "classique" des perception, toujours attentif à baliser ses oeuvres de signes clairs qui les rendent lisibles à l'auditeur.

Dans Naturale, écrit en 1985, un violon alto et un percussionniste dialoguent avec la voix d'un chanteur populaire sicilien, enregistré par compositeur lui-même, et diffusé depuis un disque lors du concert. "Mon intérêt pour le folklore est très ancien, si je pense que j'écrivais déjà de fausses chansons populaires quand j'étais garçon. Je ne suis pas ethnomusicologue, je suis seulement un égoïste pragmatique. J'ai tendance à ne m'intéresser qu'aux seules expressions et techniques populaires qui, d'une façon ou d'une autre, peuvent être assimilées par moi...", écrivait le compositeur.

Et encore : “Mes rapports avec la musique folklorique sont souvent très émotionnels. Quand je l’utilise, je suis toujours saisi par l’excitation de la découverte. Je reviens encore et toujours à la musique traditionnelle parce que j’essaie de créer un lien entre elle et mes propres idées sur la musique. Mon rêve, dont je sais qu’il est tout à fait utopique, serait d’unifier la musique folklorique et notre musique – d’établir un vrai passage, perceptible et compréhensible, entrecesvieillesmusiquespopulaires,siprochesdu labeur quotidien des gens, et notre musique.”

Berio est mort en 2003.