les riches heures de Reich et Rosas

Danse et musique live... Vingt-cinq ans après la création de Fase, four movements to the music of Steve Reich (qui s'appelait à l'époque, charmant flandricisme, "four mouvements on the music of Steve Reich"), Anne Teresa De Keersmaeker construit un spectacle en épisodes, entièrement reichien, où alternent reprises et créations. Dans une main, les processus statiques et hypnotiques des années 80, dont les phrases tenaient en une seule expiration, et qui fascinaient la vision; dans l'autre, les vertigineuses fugues dansées d'aujourd'hui, à base de phrases très longues, et qui débordent toute capture panoramique. A épingler, le nouveau Eight Lines (sur la pièce du même nom de Steve Reich) où l'on mesure l'étendue du trajet parcouru par la chorégraphe : dans cet octuor féminin, une phrase-matrice est explorée dans un saisissant mélange de liberté et de contraintes. De multiples opérations contradictoires semblent s'y appliquer en même temps, qui tout à la fois diffractent les mouvements, les distribuent dans une spirale ondoyante, les plient au caprice de chaque interprète. Tout paraît logique et tout nous échappe; on pense au principe exposé par Claudel : "Il faut qu'il y ait dans le poème un nombre tel qu'il empêche de compter".


Rosas

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Anne Teresa De Keersmaeker & Rosas