Paysage sous surveillance (2002)

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Georges Aperghis
op de gelijknamige tekst van Heiner Müller (oorspronkelijke titel: Bildbeschreibung)

Peter Missotten : scenografie en lichtontwerp

Kurt d’Haeseleer : video (Filmfabriek, Leuven)

Johanne Saunier en Jos Houben, acteurs

Ictus
   

TOUR

   

  • Brussel, Kaaitheater,
    25 en 26 oktober 2002, creatie.
  • Wenen, Odeon Theater,
    16 en 17 november 2002.
  • Nancy, La Manufacture,
    19 en 20 mei 2003.
  • Parijs, Centre Pompidou,
    van 19 tot 21 juni 2003.
  • Londen, Almeida Theatre,
    23 of 28 juni 2003.
  • Festival de Marseille,
    juli 2003.

Korte beschrijving

   

Georges Aperghis werkt sinds meer dan dertig jaar aan een eigenzinnig muzikaal theater _dat hij als volgt omschrijft: _‘de invasie van de theatertempel door de abstracte kracht van de muzikale organisatie.’ Geen libretto op muziek gezet, maar een polyfonische codering van acties, beelden, muziek, tekstfragmenten en zang, tot een extreme overdaad gedreven. Opening van veelvuldige laden, botsing van uiteenlopende, uiterst eigenzinnige, uiterst indringende fragmenten, die samen een mentale ruimte creëren.

Zijn werk getuigt van een zeker primitivisme, het geeft een sterke indruk van een eerste keer: een taal die zichzelf uitvindt, zichzelf opnieuw uitvindt, stamelt, al zoekend probeert en weer uitwist, in een expressiviteit die nu eens te zacht is, dan weer overspannen. Ze is vaak grappig én wreed.

De details van zijn muzikale schriftuur liggen geheel in de lijn van het totaalproject: zij evolueert met horten en stoten, hernemingen, lichte interrupties. Minuscule en glijdende intervallen, harmonische surplace, moleculaire dansjes, trillingen. Af en toe door een grote catastrofe doorkruist

In Paysage sous surveillance creëert Aperghis een gespleten universum, dat door zijn eigen beeld wordt bedreigd. Een universum van echo’s en pre-echo’s. Alles is er gefilmd, alles _was _al gefilmd. Er is sprake van een gruwelijke moord. Er zijn lichamen, stemmen en instrumenten, die hun spel spelen en nukkig zijn, hinderlijk als virussen.

Het is een _low-tech _spektakel, lage technologie. Bewakingscamera’s, infrarood, schermen, twee computers, rudimentaire synthesizers, software gekocht op de vlooienmarkt.
   

Intentieverklaring van de componist

   

Wereld van de detective, elektronisch landschap, virtuele moorden, spoken onder toezicht: dat zijn de motieven van deze partituur, waarvan de muziek de verschillende beelden zou moeten voeden. De spiraalsgewijze opbouw van het stuk, zal de toeschouwer in een komisch apocalyptisch universum doen ronddwalen, en hem eraan herinneren hoe moeilijk het is geworden om ‘onze wereld’ voor te stellen: alleen de muzikale energie, die door de lichamen van de uitvoerders (muzikanten-acteurs) zal stromen zal hem een vluchtig leven kunnen inblazen, hem een gezicht kunnen geven.

Brève description

   
Georges Aperghis travaille depuis plus de trente ans à l’invention d’un théâtre musical qu’il définit ainsi : « l’envahissement du temple théâtral par le pouvoir abstrait de l’organisation musicale ». Pas de livret mis en musique, mais un encodage polyphonique d’actions, d’images, de musiques, de gerbes de paroles et de chants, poussés à un haut niveau de profusion. Ouverture de multiples tiroirs, choc de multiples fragments, très têtus, très insistants, qui sculptent un espace mental à petits coups de ciseau.

Il y a comme un primitivisme chez lui, une forte impression de première fois : une langue qui s’invente, se réinvente, bredouille, se cherche et se développe par essais et ratages, dans une expressivité tour à tour trop molle ou survoltée. C’est souvent drôle et féroce.

Le détail de son écriture musicale est fidèle au projet d’ensemble : elle avance par à-coups, reprises, légers brouillages. Intervalles minuscules et glissants, sur-place harmonique, petites danses moléculaires, frémissements. Traversés ci et là de grosses catastrophes.

Dans Paysage sous surveillance, Aperghis traite un univers dédoublé, en menace de sa propre image. Un univers d’échos et de pré-échos. Tout y est filmé, tout était déjà filmé. Il est question d’un meurtre atroce. Il y a des corps, des voix et des instruments, qui jouent le jeu et y rechignent, encombrants comme des virus.

C’est un spectacle low-tech, basse technologie. Des caméras de surveillance, des infra-rouges, des écrans, deux ordinateurs, des synthétiseurs rudimentaires, des softwares achetés aux puces
   

Note d’intention du compositeur

   
Monde policier, paysage électronique, meurtres virtuels, spectres sous surveillance, leçons de perspective : voilà les motifs de cette partition dont la musique devrait irriguer les représentations multiples. La forme du spectacle, en spirale, fera naviguer le spectateur dans un univers d'apocalypse comique, lui rapellant combien "notre monde" est devenu irrépresentable : seule l'énergie musicale qui traversera les corps des interprètes (musiciens-acteurs) pourra lui insuffler une vie furtive, lui donner un visage.
   

Presse

   

Anaclase, June 2003, Bertrand Bolognesi
Paysage Sous Surveillance au Festival Agora

Enfin, le soir même à 20h30, nous voyions Paysage sous surveillance que Georges Aperghis a composé à partir de Bilderschreibung de Müller. C'est la seconde fois qu'il aborde un texte de Heiner Müller, puisqu'il y a deux ans, nous avions vu Die Hamletmachine aux Bouffes du Nord pour Agora. Le texte en était alors proclamé dans une sorte d'oratorio austère et violent, en totale correspondance avec l'univers et l'écriture du dramaturge allemand. Ce soir, Aperghis développe une action, une sorte de lutte pour rien entre une femme et une homme extrapolant l'idée possible d'un meurtre éventuel et de la vision ou non d'une caméra de surveillance dont l'oeil froid paraît opposé aux emportements qui les traversent dans leurs descriptions et reconstitutions, même si elle est la plupart du temps une action de verbe et de trituration du verbe, véhiculée par des corps qu'il déforme, zoome et tord à satiété par des jeux de projection, de lentilles, de lumière, poursuivant un travail amorcé avec Machination ou Entre chien et loup. La musique, si tant est que l'on put séparer la scène du son dans la démarche d'Aperghis, pose des jalons, ne dévoile rien de prime abord, évolue irrégulièrement, par sorte de crises successives, disparaissant, reparaissant, se déformant, de même que l'image sur l'écran propose des rétrogradations ralenties.

Les musiciens de l'ensemble Ictus se prêtèrent avantageusement à l'exercice, servant consciencieusement l'esthétique particulière d'Aperghis.

On se sera souvenu parfois des Guetteurs de son, un autre spectacle interrogatif du compositeur, il y a quelques années. les acteurs de cette investigation d'un drame objectivé étaient Johanne Saunier et Jos Houben.

Sans doute avance-t-on pas à pas vers une nouvelle étape de la quête d'Aperghis qui peut-être atteindra un seuil avec la prochaine Tempête annoncée à Nancy pour 2005.

press