With Naomi Sato (sho) — Hosokawa, Cage, Yun

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Music with Shô

Hosokawa, Cage, Yun, Takemitsu

April 22nd, 2015
Opéra de Lille, 18:00
   

Musicians

Naomi Sato shô
Sylvain Devaux oboe
Annie Lavoisier harp
Gerrit Nulens percussion
   

Programme

   
Toshio Hosokawa, Utsuhori, 1986, for shô and harp
John Cage, In a Landscape, 1948, for harp
Isang Yun, Rufe, 1989, for oboe and harp
Toshio Hosokawa, Bird Fragments II, 1990, for shô and percussion
Toru Takemitsu, Distance, 1973, for oboe and shô

In offering us the fruits of his Japanese culture, Toshio Hosokawa teaches us to slightly adjust our musical ear. The notion of the show and of the luxurious images that we normally enjoy are suspended for the benefit of a sensitive listening that is akin to a sense of touch. The ‘tactile’ enters the music in the form of breaths, of long ductile and subtly ornamented notes and the precious resonances of the harp.

Bird Fragments, for example, was written while thinking of the blind children the composer had met, expressing in clay the “sensations of birds” that certain poems had evoked for them. Naomi Sato, a specialist of the Japanese mouth organ (the Shô), will be joining us for this very subtle concert on an instrument that attracted the interest of John Cage – certainly the most Japanese of Western composers.

Toshio Hosokawa laat ons op een nieuwe manier naar muziek luisteren. Het spektakel en het auditieve geweld moet wijken voor een aandachtige, “tactiele” luisteroefening. Zijn muziek heeft iets tastbaars en ademt in grote bogen, met lang aangehouden tonen, delicate versieringen en fluwelen harp klanken.
Zo dacht de componist bij het schrijven van Bird Fragments aan blinde kinderen die hij had ontmoet, en drukte hij de vogelgeluiden die sommige gedichten bij hen opriepen, uit met klei.
Naomi Sato, die uitstekend het Japanse mondorgel (de Shô) bespeelt, verleent haar medewerking aan dit concert vol subtiliteit. Een concert dat tegelijk ook een knipoog is naar John Cage, ongetwijfeld de meest “Japanse” onder de westerse componisten.

Le saule 
peint le vent 
sans pinceau

(Saryû)

Outre Sylvain Devaux, un brillant hautboïste français qui fait aujourd’hui ses débuts avec Ictus, nous découvrirons à l’occasion de ce concert Naomi Sato, virtuose du shô, un orgue à bouche japonais composé de dix-sept fins tuyaux. Le shô est l’instrument emblématique de la musique de cour traditionnelle japonaise (ou « gagaku »). Si l’on peut comparer la flûte à un oiseau, notait un jour Toshio Hosokawa, le shô pourrait alors être vu comme « la nature entourant toute chose ».

En nous offrant les fruits de sa culture japonaise, Hosokawa nous apprend à déplacer quelque peu notre écoute musicale. Le spectacle, le rythme, l'énergie, sont ici atténués au profit de la construction d'une écoute fine qui s'apparente au toucher. Le « tactile » entre dans la musique sous forme de souffles, de longues notes ductiles et subtilement ornementées, de précieuses résonances de harpe.

Bird Fragments II, par exemple, fut écrit en pensant à des oeuvres d’argiles façonnées par des enfants aveugles, qu’Hosokawa avait découvertes à la galerie TOM à Tokyo : « Les enfants aveugles n'ont jamais vu d'oiseaux. Ils exprimaient dans l'argile leur propres « oiseaux » tels qu'ils se les imaginaient en touchant de vrais oiseaux, ou à partir de poèmes, de contes ou de chants. L'idée de « forme » est enterrée dans le corps de ces enfants. »

Isang Yun (1917-1995), compositeur d’origine coréenne, fut le professeur d’Hosokawa à Berlin. Il a développé une musique de «  fusion Orient-Occident » très expressive, presque théâtrale, inspirée par les anciennes traditions chamaniques du bouddhisme coréen — un monde où les hommes et les esprits n’arrêtent pas de s’interpeler. Le titre de l’oeuvre de ce soir, Rufe, signifie précisément Appel.

Toru Takemitsu (1930-1996) est la plus célèbre figure de la musique contemporaine japonaise. Ses quatre-vingt musiques de film pour des cinéastes tels que Kurosawa ou Oshima ont popularisé son langage, très personnel, où la musique traditionnelle se mêle aux inventions de Debussy et de Messiaen. La musique de Takemitsu est toute en fluidité et en pudeur, ainsi qu’il l’évoque lui-même à travers ces très beaux mots : « Je voudrais, à travers la musique, investir la part anonyme du monde ».

Jamais il n’y eut d’artiste occidental plus japonais que John Cage. Sa vie avait basculé lors de sa rencontre personnelle avec D.T. Suzuki, importateur de la pensée du bouddhisme Zen en Occident. L’art de Cage se situe sur une étrange intersection entre l’humour dada, la dissolution de l’ego prônée par le bouddhisme, et l’enchantement face à la nature chanté par les transcendantalistes américains...

... Et ce sont sur ces quelques phrases du poète transcendantaliste Henri Thoreau que nous clôturerons ces courtes notes de concert :

“Pour des oreilles attentives, quelle harpe splendide est le monde ! L'homme absorbé croit qu'au delà du chant du grillon rien ne peut être perçu, mais il existe une mélodie immortelle, que peut saisir, le matin, à midi, la nuit, les oreilles qui savent ouïr, et parfois tantôt un homme, tantôt un autre l'entend, parce qu'il a des oreilles faites pour la musique”.

Bon concert ! Bonne écoute !
   


   
Après avoir obtenu ses prix de hautbois et de percussions au CRR de Paris, Sylvain Devaux intègre le Conservatoire National Supérieur de Paris (CNSMDP) en 2011 et y obtient ses diplômes de hautbois dans la classe de D.Walter et J.Tys, et d’improvisation sous la bienveillance pédagogique de Vincent Lê Quang et d’Alexandros Markéas.
Se produisant régulièrement au sein d’orchestres symphoniques comme l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Ensemble Intercontemporain ou l’Orchestre Symphonique de l’Aube, au sein des académies du Festival de Lucerne ou du Schleswig Holstein et sous la direction de Simon Rattle, Cristoph Eschenbach, Symeon Bychkov, Tugan Sokiev, Krysztof Urbansky, Lary Foster ou Matthias Pintscher, il explore également des horizons musicaux variés. En effet, il est un des membres fondateurs et hautbois solo de l’Ensemble Furians, au sein duquel il s’implique notamment dans la création de spectacles originaux mis en scène, comme Des animaux et des hommes ou Les Toires du monde, créés pour des festivals comme Des mots et des notes, les Midi au Théâtre à Rungis ou encore le Festival Le classique c’est pour le vieux.

Son experience dans l’interpretation des musiques du 20ème et 21ème siècles ainsi que sa pratique de l’improvisation dans des contextes variés comme le sound painting, les ciné-concerts ou diverses performances avec des musiciens comme Garth Knox, Pierre Jodlowski ou le collectif Warn!ng, l’amènent à explorer de nouvelles façons de penser et de jouer les musiques d’aujourd’hui. Il interroge notamment la situation du concert, le rapport entre interpretation et création, improvisation et composition ainsi que l’usage de la notation, aussi bien au travers de la conception de performances mises en espace reliant musiques écrites et improvisées, qu’au sein d’une pensée compositionnelle.

Agenda for this project

April 2015
  • Date Show Location
  • Wed 22.04 Hosokawa: concert de mercredi à Lille Opéra de Lille - Lille - France

    With Naomi Sato (sho) — Hosokawa, Cage, Yun

    start: 18h

    Opéra de Lille

    In offering us the fruits of his Japanese culture, Toshio Hosokawa teaches us to slightly adjust our musical ear. read more