Homework

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Music, video and text : François Sarhan

Mathieu Metzger : Boyfriend, saxophone
Jean-Luc Plouvier, keyboards
Tom Pauwels : Hobby Gourmet, electric guitar
Daniel Ploeger : trombone
Gerrit Nulens : Heimwerker, percussion
Géry Cambier : electric bass

Charles Chemin : actors coach
Laura Berman : artistic advisor
Tom Bruwier : lighting
Alexandre Fostier : sound
Eric Verberdt : stage management

Production : Kunst aus der Zeit (Bergenz Festspiele), 2011

(from the programme of the Bergenz Festspiele)

Life could be so easy: baking a cake, building a mechanical toy, getting yourself ready for a rendezvous. But we people are not simple creatures. Everyday activities like these often have completely different motivations – secret desires and urges. All this lies at the heart of Home Work, the latest piece of music theatre created by the French artist François Sarhan.

In Home Work, Sarhan invites spectators to a kind of emotional peep show which affords a glimpse of the private world of three characters. Each of them is in the process of doing some mundane activity when everything starts to go wrong. The characters' thoughts begin to wander, their ideas and desires get muddled. The members of the audience are able to wander, too, seeking out their own personal viewpoint from which to observe the goings on.

François Sarhan is one of a new breed of composers: an artist who doesn't just write the musical score but creates the whole work. He decides on the topic, writes the text, and also designs the visual side of the production. Sarhan's works of music theatre are unpolished and home-made, the performances relaxed and informal. All of which is wholly intentional, of course. The result is a humorous, zany, surreal world in which everything is possible.

This highly original form of music theatre has led to François Sarhan attracting more and more attention in recent years. His works are regularly staged at the Théâtre Bouffes du Nord in Paris. In addition, a number of works commissioned by festivals are in production, one of which will be performed in autumn at Donaueschingen.

Op de Bregenzer Festspiele staat ook de creatie op het programma van een nieuw melodrama van de componist François Sarhan: HOMEWORK. Dit keer begeleid door zijn recente videoproject, waartoe zijn ontmoeting met William Kentridge hem inspireerde. De bijna religieuze rituelen van de “gewone” neurose worden hier in scène gezet in korte mechanische nummers op drie los van elkaar staande podia, met elk zijn projectieschermen en zijn autonome instrumentale duo’s. Het publiek circuleert rond deze bizarre, spectaculaire machine, die uiteindelijk versmelt tot een hyperpolyfone oefening die Milhaud zou doen omdraaien in zijn graf.

Aux Bregenzer Festspiele, création d'un nouveau mélodrame de François Sarhan, HOMEWORK, cette fois accompagné de son récent travail vidéo - que le compositeur a commencé de développer suite à sa rencontre avec William Kentridge. Les rituels quasi-religieux de la névrose ordinaire y sont mis en scène en petits numéros mécaniques, sur trois plateaux qui ne communiquent pas, flanqués de trois films différents et de trois duos musicaux autonomes. Le public circule autour de cette étrange machine spectaculaire, qui finalement fusionne en un exercice d'hyper-polyphonie à pulvériser Milhaud dans sa tombe.
   

   
Si je pouvais choisir mon arbre généalogique, je le construirais comme ceci :
Frank Zappa pour sa capacité à assimiler des objets hétérogènes, et à retourner le gant de la musique : ce qui était emprunt devient unique, et ce qui était personnel devient extérieur, car toujours distancié. Et l'humour comme coup de poignard dans le dos de l'esthétisme.

Puis : Dubuffet pour l'obsession, la revendication de l'art brut, du regard brut. Brut mais pas informe : on peut y prêter sens.

Svankmajer pour l'indifférence complète à l'égard des moyens utilisés (image, texte, son), et la construction d'un langage qui n'est pas (comme on le dit souvent en parlant d'un compositeur) un ensemble de codes formels, mais une méthode de resserrement des préoccupations. Porter l'imagination (cette reine des facultés) au sommet.

André Breton pour l'humanisme et un choix de vie incorruptible. Son absence totale de misanthropie.
Bon : cela suffira dans le registre des pères ! Après, bien sûr, plein de gens dont j'aime les œuvres - mais c'est un plaisir plus superficiel, c’est moins ancré dans une vision du monde. Je vous les cite quand même, je les dispose dans l’arbre comme des pommes : Prokofiev, Fauré, Boulez, Picasso, Bruno Schulz, Chlorgeschlecht, et bien d’autres.

Ce qui m’intéresse, et vers quoi je tends, c'est une pratique qui devient artistique comme par hasard. Moderne ou classique, je n’en sais rien. L'important est un processus de fabrication, qui prend en compte le quotidien, l'erreur, l'improvisation, le témoignage, le document. Elle repose sur l'exploration des obsessions, la dissolution de la virtuosité superficielle, de l'écriture comme valeur, au profit de l'accident, de l'importation de l'objet trouvé, ou incongru : la rencontre, sur une table d'opération, etc, vous connaissez la suite. Dans cette perspective, aucun mot d’ordre, mais une ligne générale d'ordre moral que je tire des surréalistes ou autres - et finalement pas des compositeurs, qu'ils soient modernes ou néo.

François Sarhan